image de soi
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Changez de lunettes (et de regard sur vous-même)
- Par degradot-coralie
- Le 20/05/2019
Très souvent, vivre avec un trouble alimentaire ou une difficulté lié à l’alimentation amène un regard très dur sur soi.
Un regard qui « ne laisse rien passer », pour qui la moindre « erreur » est grave.
Ce regard qui amène des pensées du type « de toutes façons.... (remplir au choix) »
- De toutes façons, foutu pour foutu..
- De toutes façons, je ne suis jamais à la hauteur
- De toutes façons, personne ne peut comprendre ce que je traverse
- De toutes façons, les autres s’en sortent bien mieux que moi
Etc...
Ce « de toutes façons », est une forme de poison qui se présente de façon automatique.
Bien souvent il était déjà là, bien avant le trouble alimentaire.
Et il peut même rester après ...
De ce que j’ai pu constater au contact des personnes que j’accompagne, il est souvent lié au perfectionnisme.
Ce perfectionnisme, on le retrouve chez beaucoup de personnes qui souffrent de troubles alimentaires.
Je vous avoue qu’il est encore présent chez moi de temps en temps.
Très nettement moins qu’il y a quelques années, car ça fait une bonne décénie que je travaille à assouplir ce coté perfectionniste qui me met si souvent la pression lorsqu’il se présente.
Un exemple ?
Hier j’ai donné une conférence en ligne pour mes confrères et consœurs sur l’accompagnement des personnes qui souffrent d’hyperphagie.
Tout c’est bien passé, la conférence s’est automatiquement enregistrée sur YouTube et il ne manquait plus qu’un montage très simple à faire pour leur envoyer la rediffusion ce matin.
Habituellement, ce montage je ne le fais pas.
Mais ce matin, j’ai souhaité le faire.Toute seule, comme une grande.
Et bien devinez ce qu’il s’est passé? J’ai fait une très grosse boulette (c’est même plus une boulette, c’est une montgolfière) !!
J’ai mal compris comment fonctionne l’outil et j’ai purement et simplement supprimé ma conférence !
Que s’est-il passé à ce moment ?
Une grosse montée de tension, de belles bouffées de chaleur et la première phrase qui est sortie de ma bouche « mais putain Coralie, tu peux pas faire attention !! »
Et soudain, une autre part de moi lui a répondu : « mais j’ai fait attention... j’ai juste utilisé le logiciel à l’envers »
L’autre part à continuer à l’engueuler car je l’avoue, apparemment la logique de la majorité de la population et la mienne n’ont rien à voir. Donc je fais souvent des bétises en premier mouvement lol
J’ai trouvé une solution pour la conférence et tout s’est apaisé.
Une fois le coté pratique réglé, j’ai pu me poser sur ce que je venais d’expérimenter intérieurement.
Colère, frustration, honte...
Et puis j’ai imaginé un contexte différent.
Si c’était mon compagnon qui avait fait la même erreur, que lui aurais-je dit?
Certainement pas « mais putain fait attention ».
Je sais très bien que je lui aurais dit : « Ca arrive, tu n’as pas fait exprès. Et puis il y a une solution, donc tout va bien ».
Si ça avait été une personne qui me donne un coup de main, une amie etc... je lui aurais aussi dit qu’elle n’a pas fait exprès.
Alors pourquoi m’auto flageller ? Je ne l’ai pas fait plus exprès qu’ils ne l’auraient fait.
Je ne sais pas vous, mais je suis nettement plus intransigeante avec moi-même qu’avec les autres.
Alors voilà ce que je vous propose :
La prochaine fois que vos discours intérieurs ressemblent à une engueulade en règle, je vous invite à prendre un temps pour réaliser cet exercice.
Après l’engueulade intérieure, peut-être même à la fin de la journée si vous en expérimentez plusieurs, prendre un temps de pause.
Un temps de présence dans le calme pour revenir sur le déroulé de cette expérience.
Et d’écrire sur une feuille, en toute honnêteté avec vous-même :
1 - Le déclencheur2 - Les émotions
3 - Les sensations dans le corps
4 - Les pensées associées
Puis de vous imaginer qu’une personne qui vous est chère vous raconte cette même expérience comme si elle l’avait vécu.
Que lui diriez-vous ? Qu’elle est trop nulle ? Qu’elle n’a aucune volonté ? Que c’est pourtant simple de faire autrement ?
Et si c’était un.e inconnu.e, rencontré.e par hasard qui vous partage cette expérience comme étant la pire de sa journée ?
Changer de place, faire un pas de coté, permet de prendre conscience de l’intransigeance que nous pouvons avoir avec nous-mêmes.
Ce changement nous montre aussi que nous pouvons, face à une personne que nous aimons ou que nous ne connaissons pas, montrer beaucoup de compréhension. Et que nous pouvons revenir à l’essentiel : la qualité de la relation.
Cette qualité de relation que nous savons entretenir avec les autres, nous la méritons aussi pour nous-mêmes.
Essayez cet exercice.
Et dites-moi comment ça s’est passé pour vous. Je serai heureuse de vous lire.